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Le cours biblique

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Leçon 11 – Les 12 petits livres prophétiques

Osée

Il est originaire du Nord. Il prophétisa contre les Juifs «au temps d’Ozias, de Yotam, d’Achaz et d’Ezéchias, rois de Juda (Sud) et au temps de Jéroboam, fils de Joas, rois d’Israël (Nord)» (Osée 1,1). Il est donc contemporain d’Isaïe (qui prophétisa aussi contre Achaz) et d’Amos. Il est possible qu’il ait vu la ruine de Samarie par les Assyriens (721 av. J.-C.).

Dieu lui demanda d’être un signe pour les Juifs en prenant pour épouse une «femme portée à la prostitution (comme tout le peuple juif) et des enfants de prostitution car le pays ne fait que se prostituer» (Osée 1,2). Dieu déclare par sa bouche qu’il «mettra fin au royaume de la maison d’Israël. Ce jour-là, Je briserai l’arc d’Israël dans la vallée de Yizréel» (Osée 1,2-5). Cette vallée est celle de Megiddo, là où eut lieu la désastreuse défaite de Josias un siècle et demi plus tard (2 Rois 23,29-30). Elle revient dans l’Apocalypse comme le symbole de la défaite finale de l’Israël moderne (Apocalypse 16,16).

Osée annonce, comme Jérémie plus tard (Jérémie 3,18), la réunion d’Israël et de Juda sous «un chef unique… Car il sera grand le jour de Yizréel» (Osée 2,2). Ce chef unique est le Messie qui doit unir en sa Personne tous les hommes après la destruction de l’armée israélienne qui fait obstacle au plan de Dieu. C’est pourquoi il sera «grand le jour de Yizréel» qui verra cette armée anéantie: «Je vais te détruire Israël» (Osée 13,9). Osée est contre le nationalisme juif et sa royauté (Osée 8,4 et 13,9-11); il révèle le salut spirituel non militaire, un salut qui se veut «ni par l’arc, ni par l’épée, ni par la guerre ni par les chevaux, ni par les cavaliers» (Osée 1,7). Voir aussi Osée 10,13-15 sur la destruction militaire d’Israël «qui s’est confié dans ses chars et dans la multitude de ses guerriers» plutôt qu’en Dieu. Osée a donc osé dénoncer, comme Samuel avant lui, la royauté israélienne, donc un nationalisme juif.

Osée s’insurge surtout contre les prêtres et les soi-disant prophètes qui laissent le peuple dans l’ignorance (Osée 4,4-6). En lisant ce grand prophète, sois sensible à sa douleur; c’est avec gémissement intérieur qu’il s’adresse aux Juifs. Il dénonce leurs adultères spirituels prédisant la déportation du Nord (Osée 8,6-13). Les Israéliens le persécutent: «Le prophète est fou… On l’épie et on lui tend des pièges sur tous les chemins et l’hostilité le poursuit jusqu’à la maison de son Dieu» (Osée 9,7-8).

Joël

En lisant Joël attentivement tu constateras qu’il s’adresse à deux sociétés différentes, éloignées l’une de l’autre par des siècles:

  1. Aux Juifs de la Judée
  2. Bien plus tard, à toutes les nations.

Les deux sociétés seront châtiées pour leur infidélité. Après le châtiment il y aura une restauration.

Tel est le thème général de Joël. En voici les détails:

Châtiment de Juda

C’est aux Judéens que Joël adresse les invectives divines: «Sonnez du cor à Sion (Jérusalem) donnez l’alarme sur ma montagne sainte!» (Joël 2,1). «Car un peuple est monté contre mon pays, puissant et innombrable…: il a fait de ma vigne un désert, réduit en miettes mon figuier» (Joël 1,6-7). «Vigne» et «Figuier» sont des symboles d’Israël. Quand Jésus maudit le figuier, il insinuait la destruction d’Israël (Matthieu 21,18-21).

Joël est un prophète après l’exil. Le châtiment annoncé est donc l’invasion romaine et la destruction du Temple par Titus (70 apr.J-C). Les prêtres sont invités à la pénitence avant que le culte ne soit aboli au Temple: «Prêtres revêtez-vous de sac (symbole de repentir)… Car la maison de votre Dieu (le Temple) est privée d’oblation (qu’y offraient les fidèles)… (Joël 1,13-14)… Revenez à Moi de tout votre coeur… Déchirez votre cœur et non vos vêtements, revenez à Yahvé votre Dieu car il est tendresse et pitié… Qui sait? S’il revenait (sur sa décision de vous détruire)? S’il laissait après lui une bénédiction (et ne châtiera plus à cause de votre repentir)?» (Joël 2,12-14).

Le fléau prédit viendra «du Nord» et sera semblable, par la dévastation qu’il fera, aux différentes sortes de sauterelles: «Ce qu’a laissé le grillon, la sauterelle l’a dévoré, ce qui a échappé à la sauterelle, le hanneton l’a dévoré…» (Joël 1,4). Ce fléau de sauterelles est aussi mentionné par Amos (Amos 4,9) et Malachie (Malachie 3,11). Il est repris par le livre de l’Apocalypse (Apocalypse 9,2-11).

Ce châtiment est «le Jour de Yahvé» (Joël 1,15 / 2,1 / 2,11), expression prophétique devenue traditionnelle (Isaïe 13,6 / Ézéchiel 30,2-3 / Amos 5,18). Certains Juifs pensaient que ce jour serait en leur faveur; mais tous les prophètes les invitaient à ne pas s’illusionner: «Le jour de Yahvé arrive comme une dévastation venant de Shaddaï (Dieu-Fort)… (Joël 1,15)… Que tous les habitants du pays tremblent… Jour d’obscurité et de ténèbres» (Joël 2,1-2). «Malheur à ceux qui soupirent après le jour de Yahvé… Il sera ténèbres, et non pas lumière» (Amos 5,18).

La restauration

Après la destruction, Dieu annonce la restauration: «Je vous revaudrai les années qu’ont dévorées la sauterelle… Vous mangerez tout votre soûl, à satiété» (Joël 2,25). Cette restauration se fera par le Christ et sera spirituelle; elle se fera par son Corps et son Sang. Jésus en avait parlé à ses Apôtres: «En vérité, je vous le dis à vous qui m’avez suivi dans la restauration…» (Matthieu 19,28). Ceux dont la mentalité demeurera matérialiste et politique ne goûteront pas à cette Nourriture divine et «le vin nouveau leur sera retiré de la bouche» (Joël 1,5): le «vin nouveau» est celui que donne Jésus pour la restauration de l’âme (Jean 6,53-57 / Luc 22,14-20 / Matthieu 26,27-29).

Cette première restauration se fait par le don de l’Esprit de Dieu: «Après cela (le fléau des sauterelles) Je répandrai mon Esprit sur toute chair» (donc sur tous les hommes – par Jésus – non sur les seuls Juifs)(Joël 3,1). Les Juifs comprirent cette restauration politiquement, une «résurrection» de l’État d’Israël.

Mais les Apôtres de Jésus comprirent qu’il s’agissait d’une dimension spirituelle intérieure, dans l’âme humaine. C’est la raison pour laquelle Pierre se réfère à cette prophétie de l’effusion de l’Esprit divin dans Actes 2,17-21. Il précise encore dans Actes 3,20-21 que la «restauration universelle dont Dieu a parlé par la bouche des prophètes» se réalise par Jésus.

Cette restauration s’opère en deux étapes: la première eut lieu avec l’Avènement de Jésus, il y a 2000 ans et la seconde est déjà en cours en nos temps apocalyptiques par le Retour de Jésus-Christ en nous. Je parle de cette dernière plus loin ainsi que dans le texte «La Clé de l’Apocalypse».

Châtiment du monde

La punition affligée à Israël est un exemple, une leçon pour toutes les nations du monde devenues indifférentes au message de Jésus. «Les villes seront à leur tour jugées, châtiées, à cause de leurs injustices et de leurs vices: quand Je rétablirai Juda et Jérusalem, Je rassemblerai toutes les nations, Je les ferai descendre à la vallée de Josaphat. Là J’entrerai en jugement avec elles au sujet d’Israël, mon peuple (Joël 4,1). Que les nations s’ébranlent et qu’elles montent à la Vallée de Josaphat! Car là, je siégerai pour juger toutes les nations… Lancez la faucille: la moisson est mûre, venez, foulez: le pressoir est comble… Foules sur foules dans la Vallée du Jugement!…» (Joël 4,12-14).

La «Vallée de Josaphat» n’existe pas géographiquement; c’est un lieu symbolique dont le nom signifie: «Dieu juge»; c’est aussi la «Vallée du Jugement» ou de «l’Ecrasement» ou de «la Décision» divine d’abattre les ennemis de Dieu et de son Messie, Jésus de Nazareth.

Ce jugement s’opère peu avant la fin des temps puisque la «moisson est mûre» et le «pressoir comble». L’Apocalypse de Jean reprend les mêmes expressions de Joël (Apocalypse 14,14-19) et explique que Jésus, «le Verbe de Dieu… c’est Lui qui foule dans la cuve le vin de l’ardente colère de Dieu» (Apocalypse 19,13-15).

Ainsi donc, «Israël» ou «le peuple de Dieu» dont parle Joël (Joël 4,1) est formé des disciples de Jésus. Tel est le vrai peuple de Dieu. En nos jours apocalyptiques sont donc jugées toutes les nations qui soutiennent Israël, l’État fondé sur l’injustice et le reniement de Jésus. Les négateurs du Christ sont rassemblés de toutes nations en Palestine pour y être «écrasés» comme le raisin dans le pressoir. C’est cela la «Vallée de Josaphat» où Dieu juge, écrase, sous les pieds du Messie, l’Antichrist et toutes les nations qui le soutiennent.

Avec le premier Avènement de Jésus, il y eut une première effusion de l’Esprit divin. Cette effusion ne s’est pas faite sans événements sanglants: destruction de Jérusalem et du Temple en l’an 70 après Jésus. Avant le retour du Christ, une seconde effusion se fera (et elle est actuellement en train de s’opérer) toujours par des événements sanglants – guerres et révolutions – qui préparent une 3e guerre mondiale: «En ces jours-là, Je répandrai mon Esprit. Je produirai des signes dans le ciel et sur la terre: sang, feu, colonnes de fumées», dit le Seigneur (Joël 3,3). Ces signes désignent des guerres: les colonnes de fumées sont caractéristiques des bombes modernes… notamment des bombes nucléaires.

Jésus nous reparle de tous ces signes (Matthieu 24 / Luc 21), «de la détresse de ces jours» et du «soleil qui s’obscurcit et de la lune qui perd son éclat» (Matthieu 24,29), comme le dit aussi Joël (Joël 3,4) et l’Apocalypse (Apocalypse 6,12). Il ne faut pas comprendre cela littéralement et s’attendre à la disparition du soleil et de la lune. Ce sont des expressions symboliques et prophétiques; elles désignent des temps difficiles, la disparition de la foi et de la moralité: l’éclipse du Soleil spirituel.

La Restauration Universelle

Après ces cataclysmes, tout sera renouvelé: «Ce jour-là, les montagnes dégoutteront de vin nouveau,… et dans tous les torrents de Juda les eaux ruisselleront. Une source (spirituelle) jaillira de la maison de Yahvé.» (Joël 4,18-19).

Le «vin nouveau» ou le «jus frais de la vigne» (comme certains traduisent) symbolisent les temps nouveaux qui suivront le châtiment universel. Ce sont «le ciel nouveau et la terre nouvelle» après la défaite des ennemis de Jésus (Apocalypse 21,1). L’Égypte symbolise les incrédules qui seront toujours dans la désolation.

Cette époque est celle d’une régénération collective spirituelle, je dis bien spirituelle et collective. Elle se passe à l’intérieur de l’âme des croyants, de tous les croyants, les vrais. Le Christ se manifestera Lui-même à eux comme il l’avait promis (Jean 14,21) et comme Pierre l’avait révélé: «Dieu enverra alors le Christ qui vous a été destiné, Jésus, celui que le Ciel doit garder jusqu’au temps de la restauration universelle dont Dieu a parlé par la bouche des prophètes» (Actes 3,20-21). Car, comme nous le révèle Paul: «Le Christ apparaîtra une seconde fois, hors du péché (en esprit, dans l’âme) à ceux qui l’attendent, pour leur donner le salut» (Hébreux 9,28).

Ceux qui auront compris que la restauration universelle est une résurrection nationale israélienne périront dans la «Vallée de Josaphat», écrasés dans la «cuve de la colère divine».

Amos

Il est le plus ancien des prophètes écrivains; sa mission s’étend de 783 à 743 av. J.-C. Il est donc contemporain d’Osée, d’Isaïe et de Michée, mais les précède.

Amos prêche au Nord, au sanctuaire de Béthel, où il est envoyé par Dieu pour prophétiser contre Israël et son roi, Jéroboam II (Amos 7,7-17). Mais il est du Sud, de Téqoah en Judée (Amos 1,1), raison de plus pour être haï par les Israéliens.

Amos est un simple berger, sans richesse ni instruction. Il ne fait pas partie d’une institution prophétique reconnue, ni ne possède de diplôme pour prophétiser comme d’autres prétendus prophètes de son temps. Il avoue lui-même n’avoir été «ni prophète ni frère prophète» (Amos 7,14), n’étant membre d’aucune fraternité ou groupement prophétique (comme certains mouvements «charismatiques» de nos jours). Dieu n’est pas impressionné par des diplômes religieux dans le choix de ses hommes. Aussi «c’est de derrière le troupeau» (Amos 7,15) que Dieu prit Amos tout comme il fit choix de Pierre, d’André, de Jacques et de Jean huit siècles plus tard, les arrachant à leurs filets de pêcheurs pour en faire des Apôtres de son Messie. Il dédaigna les scribes et les Pharisiens – pourtant plus formés et plus instruits que lui en matière religieuse – préférant des hommes au cœur souple, docile à l’Esprit-Saint.

Dieu demande à Amos de prophétiser contre Israël: «Je vais passer au niveau mon peuple Israël, Je ne lui pardonnerai plus désormais… Les sanctuaires d’Israël seront détruits» (Amos 7,7-9). Le «niveau» est un instrument de mesure: Dieu «mesure» la rectitude de l’âme, comme dans Apocalypse 11,1, pour révéler les cœurs et condamner les mauvais. C’est la prédiction de l’invasion assyrienne (Amos 3,11) et de la déportation (Amos 5,27).

Amos est le premier à parler du «Jour de Yahvé qui sera ténèbres, non lumière pour les Israéliens» (Amos 5,18) et du «reste» qui subsistera après le châtiment (Amos 5,15).

Il est le prophète de la justice sociale, car il s’est insurgé contre les riches et leur luxe démesuré (Amos 2,6-7; Amos 4,1-3; Amos 5,7-12).

Sa prophétie s’est étendue contre la Judée aussi, prédisant sa ruine: «Ainsi parle Yahvé:… Je déchaînerai le feu contre Juda et il dévorera les palais de Jérusalem» (Amos 2,4-5).

Amos a dénoncé le culte extérieur, révélant que Dieu l’a en dégoût, qu’Il exige plutôt la pratique de la justice comme culte: «Je hais, Je méprise vos fêtes… Vos oblations Je n’en veux pas,… Mais que le droit coule comme l’eau, et la justice comme un torrent qui ne tarit pas» (Amos 5,21-24).

Abdias

C’est le plus court des livres prophétiques. Le vrai nom du prophète est «Obadyah», qui signifie «Esclave de Dieu» (en arabe: «Abdallah»).

Ce petit livre est une prophétie contre les Edomites car ils avaient envahi la Judée: «Pour le carnage, pour la violence exercée contre Jacob ton frère, la honte te couvrira et tu disparaîtras ‘à jamais’» (Abdias 1,9-10).

Abdias prédit une restauration aux Judéens: «Ceux du Négeb (Sud de la Judée) occuperont la montagne d’Ésaü (Edom)… etc» (Abdias 1,19-21). Cette restauration est encore nationaliste avec ses ambitions expansionnistes pour s’emparer d’Edom.

Jonas

L’histoire relatée dans ce livre est symbolique, non historique, même si elle est attribuée au prophète Jonas mentionné dans 2 Rois 14,25.

La moralité de l’histoire: Dieu accepte le repentir de tous les hommes, même s’ils sont des Ninivites (Assyriens), ennemis des Juifs. Dieu n’est donc pas le monopole ni la possession des seuls Israélites, mais de l’humanité entière.

Jonas est envoyé aux Ninivites, tout comme les Apôtres de Jésus, prêchèrent le repentir et le Messie aux Païens, et comme Jésus fut bienveillant avec des militaires romains. Tout cela est une cause de scandale pour les fanatiques, Juifs et autres. Que penseraient, aujourd’hui, des Chrétiens, d’un de leurs évêques qui leur préféreraient des Musulmans. Et vice-versa, que diraient des Musulmans d’un de leurs chefs religieux qui préféreraient des Chrétiens justes à des Musulmans impies?

Le séjour de Jonas dans le ventre du poisson pendant trois jours et trois nuits (Jonas 2,1) symbolise l’enterrement du Messie pendant trois jours avant sa résurrection. Le psaume dit par Jonas, après sa sortie du ventre du poisson, peut parfaitement s’appliquer au Christ dans le ventre de la terre après l’angoisse du crucifiement et sa résurrection après la mort: «J’étais descendu dans les pays souterrains, vers les peuples d’autrefois, mais de la fosse tu as fait remonter ma vie, Yahvé mon Dieu» (Jonas 2,7).

C’est pourquoi Jésus a parlé de Jonas comme «signe» (Matthieu 12,40-41). Ce signe fut et demeure incompris par beaucoup, notamment par la majorité des Juifs qui seront jugés par les hommes de Ninive – qui les condamneront – pour n’avoir pas cru en Jésus comme Messie! Car les Ninivites crurent en Jonas, moins important que Jésus (Matthieu 12,41). Ce jugement est un coup fatal porté à tous les fanatiques.

Michée

Michée est un campagnard du Sud de la Judée, «de Moreshet», au Sud d’Hébron. Il prophétisa «au temps de Yotam, d’Achaz et d’Ezéchias, rois de Juda» (Michée 1,1). Simple villageois, il est mentalement semblable à Amos, simple berger. Il est contemporain d’Isaïe. Comme Amos, il dénonça le luxe effréné de «ceux qui convoitent des champs et s’en emparent, des maisons et les prennent» (Michée 2,1-2).

Il dénonça l’impiété des Israélites et prophétisa la ruine de la Samarie et de la Judée: «Je vais faire de Samarie une ruine… Il n’y a pas de remède au coup de Yahvé, il atteint jusqu’à Juda, il frappe jusqu’à la porte de mon peuple, jusqu’à Jérusalem» (Michée 1,6-9). Il prédit la destruction de Jérusalem et du Temple (Michée 3,12) ainsi que la déportation (Michée 4,10): «Par votre faute Sion deviendra une terre de labour, Jérusalem un monceau de décombres et la montagne du Temple une hauteur boisée (Michée 3,12)… Tu iras jusqu’à Babel» (Michée 4,10).

Michée console les Juifs par le Messie-Roi qui «les groupera comme des moutons dans l’enclos… Leur roi passera devant eux» (Michée 2,12-13). Ce roi naîtra à Bethléem: «Toi, Bethléem, le moindre des clans de Juda, c’est de toi que me naîtra celui qui doit régner sur Israël, ses origines remontent au temps jadis, aux jours d’éternité» (Michée 5,1). Cette prophétie s’est accomplie en Jésus, né à Bethléem (Matthieu 2,6; Jean 7,42). Retiens bien cette prophétie importante, surtout parce qu’elle révèle l’origine éternelle du Messie (compare avec ses noms divins: Isaïe 9,5).

Michée console encore les Juifs par la restauration après la ruine. Mais cette restauration fut encore comprise du point de vue national: «La montagne du Temple sera établie au sommet des montagnes… Des nations nombreuses s’y rendront… À toi va revenir la souveraineté d’antan, la royauté sur la maison d’Israël» (Michée 4,1-8). De même, le Messie n’est vu que comme un roi nationaliste dont «le pouvoir s’étendra jusqu’aux extrémités du pays et nous délivrera d’Assur s’il envahit notre pays» (Michée 5,2-5).

Michée eut une grande influence. Les Juifs se souvenaient de ses prophéties plusieurs siècles après lui, comme en témoigne Jérémie (Jérémie 26,18) à propos de la prophétie de Michée sur la destruction de Jérusalem et du Temple (Michée 3,12).

Sophonie, Nahum, Habaquq

Ces 3 prophètes doivent être étudiés ensemble car ils sont contemporains. Ils ont vécu la même période difficile qui précède la chute de Ninive (en 612 av. J.-C.), et ont été animé d’un même espoir, celui de voir la restauration nationale d’Israël après la chute tant espérée de Ninive. Or, après cette chute, ce fut le désespoir total avec la défaite cuisante de Megiddo et la mort du roi Josias qui incarnait les espérances des nationalistes juifs.

Historiquement, Sophonie est plus ancien que Nahum. Je vais donc te le présenter avant les deux autres prophètes, contrairement à sa place dans la Bible.

Sophonie

Sophonie prophétise sous Josias, donc entre 640 et 609 av. J.-C. (année de la mort de Josias à Megiddo). Josias monta tout jeune au trône (il n’avait que 8 ans en 640: 2 Rois 22,1). Il n’avait donc pas encore entrepris ses réformes religieuses et le clergé était pourri. Sophonie s’insurge donc contre les ministres du culte et annonce la destruction de Juda. Cette destruction est le «Jour de Yahvé» qui est «proche, qui vient en toute hâte», et sera un «jour de colère et de détresse…» (Sophonie 1,14-18).

Josias fut influencé par Sophonie. Il entreprit ses réformes pour éviter le pire à la nation. Mais, comme l’avait prédit la prophétesse Hulda en ce temps, le châtiment divin est inévitable (2 Rois 22,14-20).

Après ce châtiment, subsistera un «reste», humble et peu nombreux, qui retournera à Dieu (Sophonie 3,12). C’est par ce reste que se fera la «restauration» prédite par les prophètes. Mais Sophonie continue de voir que cette restauration est nationale (Sophonie 3,19-20).

Sophonie prophétise, non seulement contre Juda, mais aussi contre Assur et prédit la chute de Ninive: «Dieu fera de Ninive une solitude» (Sophonie 2,13-15). En prédisant la fin de l’Assyrie et la ruine de Juda, Sophonie proclame indirectement la venue de l’empire babylonien qui, à son époque, se renforçait de plus en plus.

Nahum

Il prophétise quelques années après Sophonie. Le danger pour Ninive se précise avec l’accroissement de la puissance babylonienne. Nahum se déchaîne contre Ninive très peu de temps avant sa chute: «Contre toi s’avance le destructeur (Nabupolonassar, père de Nabuchodonosor)… Les portes qui donnent sur le fleuve (le Tigre) s’ouvrent, c’est la panique dans le palais (de Ninive; les Babyloniens traversaient déjà le Tigre pour atteindre Ninive)… Ninive est comme un bassin dont les eaux s’échappent (Nahum 2,2-9)…Ninive, quelle désolation!» (Nahum 3,7).

Exalté à la perspective de la défaite des Assyriens, ennemis d’Israël, Nahum ne voit que le salut pour Juda et sa restauration. Il est emporté par l’espérance de la restauration (nationale): «Voyez… Le salut! (pour Juda, par la destruction de Ninive)… (Nahum 2,1)…Oui, Yahvé rétablit la Vigne de Jacob…» (Nahum 2,3). Cette espérance fut de courte durée car la défaite des Juifs à Megiddo en 609 suivit de peu celle de Ninive en 612. Ainsi, l’espoir du salut céda la place au désarroi. Jérémie dira quelques années plus tard à ce propos: «Nous espérions la paix, et rien d’heureux n’arrive…une ère de réparation, et voici l’épouvante» (Jérémie 8,15 et 14,19).

La prophétie de la restauration n’est toutefois pas vaine si on la comprend spirituellement, selon l’intention divine: en Jésus.

Habaquq

Habaquq prophétise après la chute de Ninive. Le danger pour les Israéliens vient maintenant des «Chaldéens» (Babyloniens): «Voici que je suscite les Chaldéens… pour s’emparer des demeures d’autrui» (Habaquq 1,6).

Habaquq reprend de façon voilée les menaces de Michée contre Jérusalem: «Malheur à qui bâtit une ville dans le sang et fonde une cité (Jérusalem) sur le crime» (Habaquq 2,1 / Michée 3,10). C’est la proclamation du châtiment par l’invasion babylonienne.

Aggée et Zacharie

Ces deux prophètes sont à voir ensemble car ils ont travaillé ensemble pour la reconstruction du Temple après sa destruction par Nabuchodonosor (Esdras 5,1).

Aggée

Les deux chapitres d’Aggée sont consacrés à la reconstruction du Temple. Aggée incite Zorobabel et Josué à édifier ce sanctuaire: «La parole de Yahvé fut adressée par Aggée à Zorobabel, le Haut-Commissaire de Juda, et à Josué, le grand prêtre… Montez à la montagne (du Temple), rapportez du bois (pour la construction) et réédifiez la Maison (Temple)» (Aggée 1,1-8).

C’est vers l’an 515 av. J.-C. que le second Temple fut achevé. Il n’était pas aussi luxueux que le premier et les vieux pleuraient au souvenir nostalgique du premier Temple scintillant de «gloire» (Esdras 3,12). Aggée les console et leur promet un Temple plus merveilleux que n’était le premier: «Quel est parmi vous le survivant qui a vu ce Temple dans sa gloire passée? Et comment le voyez-vous maintenant? À vos yeux, n’est-il pas pareil à rien? Mais courage,… la gloire à venir de ce Temple dépassera l’ancienne, dit Yahvé» (Aggée 2,3-9). Il n’en fut rien puisque ce Temple fut détruit par Titus en 70 apr. J.-C… Aggée est-il un authentique prophète?!

Aggée et toute la communauté comprirent matériellement cette «gloire», croyant à un ramassage des richesses de tous les non-Juifs. En effet, Aggée fait dire au Seigneur: «J’ébranlerai toutes les nations pour qu’affluent les trésors de toutes les nations et j’emplirai de gloire ce Temple, déclare Yahvé Sabaot. À moi l’argent! À moi l’or!» (Aggée 2,7-8). Il est difficile de croire que le Seigneur exigea toutes ces richesses matérielles pour les caisses de l’État d’Israël! Telle n’était certes pas l’intention de Dieu qui insiste toujours sur la gloire spirituelle du Temple spirituel qui se trouve dans l’âme des croyants et non de l’argent et de l’or. Cette gloire spirituelle dépasse infiniment la médiocre et fausse gloire matérielle du Temple de Salomon. C’est d’elle que parle Jésus en disant: «Observez les lis des champs, comme ils poussent… Je vous dis que Salomon lui-même (réputé pour son goût du luxe) dans toute sa gloire, n’a pas été vêtu comme l’un d’eux» (Matthieu 6,28-29).

Avant l’invasion, les prophètes prédisaient le châtiment. Pendant l’exil, ils parlaient de consolation, et, de retour en Palestine, ils poussaient à la restauration nationale. Du temps d’Aggée et de Zacharie, l’espérance nationale se fonda sur Zorobabel, le descendant du roi David. Il était le Haut-Commissaire. La communauté espérait qu’il rétablirait le royaume en Israël. On croyait qu’il était le Messie annoncé et Aggée, «inspiré», lui dit: «Zorobabel… – oracle de Yahvé – Je ferai de toi comme un anneau à cachet. Car c’est toi que J’ai choisi» (Aggée 2,23). Ce choix divin ne signifiait pas que Zorobabel était le Messie, mais que le Messie viendrait de sa descendance (Matthieu 1,12-13).

Zacharie

Zacharie poussa le peuple à reconstruire le Temple (Zacharie 1,16). Il eut 8 visions dont les deux plus importantes sont:

  1. La «mesure» de Jérusalem: sonder les cœurs pour restaurer la communauté avec les vrais croyants: Zacharie 2,5-9. (Comparer avec l’Apocalypse 11,1 et 21,15).
  2. Les «Deux Oliviers» (les «deux Oints» qui édifient le Temple: Zacharie 4,1-10. Comparer avec l’Apocalypse 11,4).

Zacharie proclama une importante prophétie sur le Messie «humble et monté sur un âne», et non point sur un char de guerre, qui supprimera «la charrerie et les chevaux» de guerre (Zacharie 9,9-10). C’est une innovation dans la mentalité belliqueuse juive. Cette prophétie s’accomplit avec Jésus, le Messie humble par excellence, qui entra à Jérusalem sur un âne (Matthieu 21,1-5 et 11,29).

Malachie

Ce livre tient son nom du mot «malachie» qui signifie «mon Ange». Ce nom dérive du fait que l’auteur prophétise la venue proche du Messie nommé «l’Ange – malach – de l’Alliance» (Malachie 3,1). Malachie (Mon Ange) est donc un nom d’emprunt et l’auteur, inconnu, écrit après le retour d’exil et la réédification du Temple, vers 450 av. J.-C.

Comme l’ont fait d’autres prophètes avant lui, Malachie dénonce l’impiété des prêtres et la vanité de leur culte, déclarant détruite l’alliance de Dieu avec Lévi, tribu dont émanent les prêtres: «À vous cette monition, prêtres!… J’enverrai sur vous la malédiction et maudirai votre bénédiction… Je vais vous briser le bras et vous jeter à la figure vos ordures, celles de vos solennités, et vous enlever avec elles… pour que ne subsiste plus mon alliance avec Lévi… Vous vous êtes écartés de la voie… Vous avez détruit l’alliance de Lévi» (Malachie 2,1-8. Voir Nouvelle Alliance dans Jérémie 31,31-32).

Souviens-toi que David avait prophétisé l’établissement, par le Messie, d’un sacerdoce différent de celui de Lévi, un sacerdoce «selon l’ordre de Melchisédech» (Psaume 110,4). Ce sacerdoce fut institué par Jésus; il est l’unique sacerdoce agréé de Dieu (Hébreux 7,11-19).

Le point nouveau chez Malachie est la révélation d’un précurseur envoyé pour préparer l’Avènement du Messie: «Voici que je vais envoyer mon messager (un précurseur) pour qu’il déblaie un chemin devant ma Face, et soudain Il entrera dans son sanctuaire le Seigneur que vous cherchez, et l’Ange de l’Alliance (le Messie) que vous désirez» (Malachie 3,1).

Ce messager précurseur du Christ est «Élie»: «Je vais Vous envoyer Élie le prophète avant que n’arrive mon Jour…» (Malachie 3,23). Jésus expliqua qu’il s’agissait de Jean-Baptiste (Matthieu 17,10-13), venu, non pas comme une réincarnation d’Élie, mais dans le même «esprit et la puissance d’Élie» (Luc 1,17) comme je l’ai déjà expliqué.

Cette prophétie de l’Ange (Malachie), l’avant-coureur du Messie, est propre à Malachie. Nul autre prophète n’en a parlé. C’est pourquoi elle est le point le plus saillant de ce livre et lui donna son nom: Malachie.

Ici se termine l’étude des livres de l’Ancienne Alliance, une alliance devenue caduque, comme tu l’as constaté, et nécessitant une réforme. Celle-ci fut accomplie par Jésus qui inaugura les temps de la restauration spirituelle et universelle que nous vivons encore. Car, comme le signale Paul, les règles matérielles de l’Ancienne Alliance «sont des règles pour la chair (le corps), ne concernant que les aliments, les boissons, diverses ablutions, et imposées seulement jusqu’au temps de la réforme» (Hébreux 9,10). Nous allons maintenant étudier les livres qui nous présentent cette merveilleuse et vivifiante Nouvelle Alliance en Jésus, le Messie.

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